“Chère Eugénie…” Guerlain

Maison Guerlain, 68 Champs-Élysées
du 9 mars au 4 septembre 2023

Textes de l’exposition, une commande de l’agence Fisheye

Dossier de presse mis en page suivi par le texte, pour une lecture plus aisée.

 
 

“Chère Eugénie”, une exposition Guerlain

Pour célébrer le 170ème anniversaire de L’Eau de Cologne impériale et de l’iconique « Flacon aux abeilles », tous deux créés pour l’Impératrice Eugénie en 1853, Guerlain donne carte blanche à onze artistes femmes afin qu’elles réinterprètent le fleuron de la Maison au travers du médium photographique. Leurs créations sont exposées du 9 mars au 16 juillet 2023 au 68, Champs-Élysées.

Onze artistes internationales : Jane Evelyn Atwood, Valérie Belin, Delfina Carmona, Delphine Diallo, Su Kui, ORLAN, Charlotte Rampling, Myriam Roehri, Almudena Romero, Christine Spengler et Audrey Tautou, rendent un hommage-chorale au pouvoir évocateur du grand classique de la Maison, à l’Impératrice qui l’a inspiré et à l’engagement de la Maison Guerlain pour les Arts, les femmes et la nature.

L’abeille d’or créée pour ce flacon qui n’a eu de cesse d’inspirer les créations de Guerlain, est aujourd’hui devenue, plus que le symbole de son identité et de la pérennité de la Maison, un guide pour son engagement durable, Au Nom de la Beauté.

 

1)    Un symbole lumineux…

En 1853, le fondateur de la Maison, Pierre-François-Pascal Guerlain, crée L’Eau de Cologne Impériale à l’impératrice Eugénie à l’occasion de son mariage avec l’Empereur Napoléon III. Comme écrin pour cette eau aux notes fraîches d’agrumes que vient adoucir les accords raffinés du néroli, le Parfumeur crée le Flacon aux abeilles, un flacon orné d’abeilles dorées à la main – l’un des emblèmes impériaux –, dont le motif de feston est inspiré de la colonne de la place Vendôme, non loin de sa boutique[1]. L’Eau de Cologne impériale vaut alors à son créateur le titre de « Fournisseur officiel de la Cour impériale » et une certaine forme d’immortalité : le flacon gravé d’abeilles devient la signature de Guerlain et l’habit de lumière des créations des cinq générations de Parfumeurs qui se sont succédées après lui.

Symbole de productivité et de travail honnête[2], l’industrieuse abeille devient un symbole impérial sous Napoléon 1er afin de rattacher la nouvelle dynastie régnante aux origines de la France. Placée dans les sépultures des rois[3], l’abeille, butinant le nectar – substance divine assurant l’immortalité aux dieux –, assure une vie éternelle. Devenue également emblème de Guerlain, L’Eau de Cologne est une eau divine que le fondateur de la Maison dédie à Eugénie.

Un lien d’amour fidèle lie l’abeille à la fleur, objet de sa dévotion. Il n’est pas sans rappeler l’attachement de l’empereur qui, pour défendre son choix d’épouser Joséphine de Montijo face à une France sceptique, annonce, en janvier 1853 : « J'ai préféré une femme que j'aime et que je respecte, à une femme inconnue dont l'alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices. (…) Je cède à mon penchant. » En épousant Eugénie, Louis-Napoléon fait le choix du cœur. L’Eau de Cologne impériale devient, dès lors, une promesse d’amour.

2)    … Aujourd’hui réinterprété par onze artistes

Dans la mythologie grecque, Aristée, fils d’Apollon, dieu des arts et de la lumière, et de la Nymphe Cyrène, est considéré comme le premier apiculteur. Ce sont les suivantes de son père, les Muses, qui l’élèvent et les Nymphes qui lui inculquent ce savoir. Arts, clarté et apiculture ont, de tout temps, été intrinsèquement liés.

L’exposition « Chère Eugénie » vient explorer cette dialectique par le prisme de la photographie. Inventée peu avant la création du Flacon aux abeilles, la photographie a révolutionné les arts ainsi que notre perception du monde. Ce procédé technique est comparable au patient travail de l’abeille qui, en transformant le réel, le sublime. Et les mots de Rilke prennent alors tout leur sens : « Nous sommes les abeilles de l’Univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’invisible[4]. »

Chacune des onze photographes invitées est partie de la Cologne impériale de Guerlain afin de nous donner à voir sa propre vision de l’iconique flacon, son rêve du Flacon aux abeilles.

Pour sa photographie, la comédienne Charlotte Rampling est allée retrouver, dans le tréfonds ténébreux de la mémoire, le jaillissement doré de la sensation provoquée par L’Eau de Cologne. Telle une alchimiste, Rampling a façonné la lumière dans l’obscurité et matérialise sous nos yeux une silhouette floue, évanescente, comme un souvenir qui se délite et que les effluves délicats échappés du flacon ont rappelé à notre mémoire. « Le parfum est, avant tout, une œuvre de l’esprit », dit Thierry Wasser, nez de la Maison Guerlain[5]. Cette phrase, à double sens, évoque tant le processus alchimique menant à sa création olfactive que le monde d’impressions qu’une seule goutte permet de raviver.

C’est également sur le pouvoir évocateur de L’Eau de Cologne impériale que s’est concentrée Valérie Belin. Par les jeux de reflets et de réflexions provoqués par le flacon, par l’accident photographique, en somme, la photographe nous raconte à la fois la magie et le rêve que déclenche en nous l’objet mais aussi toute une histoire en négatif de la photographie elle-même. En effet, Belin donne corps à la théorie de l’historien de l’art allemand Peter Geimer qui contrarie le récit d’un progrès ininterrompu de la technique photographique par une contre-histoire de perturbations, de surgissements et d’accidents. Ce qui était censé rester invisible – le dispositif – est révélé et fait aussi partie de la grande histoire[6]. Valérie Belin tresse, avec son œuvre, deux histoires en un récit subtil dont le noir et blanc vient relever les contradictions : la fragilité de l’objet, sa matérialité, s’oppose à la permanence du rêve éthéré qu’il suscite ; les accidents du médium qui reproduit cet objet peuvent être lus comme « heureux » et ont aussi aidé à creuser la place essentielle qu’il occupe aujourd’hui dans le paysage artistique.

Après le surgissement évanescent dans le noir et la captation vibrante de cette apparition, c’est tout le rêve lumineux et l’idéal de beauté s’épanouissant dans un jardin ensoleillé que vient raconter la photographie de Myriam Roehri. Le rêve a, encore une fois, une place centrale dans l’œuvre et le noir et blanc employé vient ici souligner la dimension onirique et intemporelle de l’univers qui s’ouvre à nos yeux. La photographe nous fait pénétrer dans un jardin merveilleux, un verger dans lequel les Hespérides, Nymphes du couchant, ont patiemment concocté un nectar prodigieux. Une créature mythique garde l’immortel flacon. Au centre, la composition ouvre sur une baie ; la mer est notre point de fuite, notre échappée-belle.

Nous avons pris le large et sommes partis dans des contrées lointaines. Un carnet d’impressions garde les traces de nos aventures, celui de Delphine Diallo. Telle une exploratrice, elle a méticuleusement découpé, conservé et épinglé ses souvenirs d’investigation dans les méandres de l’histoire de l’Impératrice. Le diptyque créé apparaît comme un prisme qui, de deux faces, en compose une troisième : d’un côté les photographies et peintures d’Eugénie, ses portraits, bijoux, effigies ou ornements favoris. De l’autre, le flacon d’Eau de Cologne impériale, trônant sur son coussin de velours rouge, scintillante dans la lumière et cerclée d’or. L’œuvre est la synthèse de ces histoires croisées et nous invite à faire ce voyage à travers le temps.

ORLAN, habituée des dialogues spatio-temporels, nous propose une tout autre aventure. L’artiste s’est elle-même hybridée à l’Impératrice dans une mise en scène qui fait, là encore, coexister deux univers. L’incarnation, thème phare dans son travail, côtoie la volonté sans cesse réitérée dans son œuvre de briser les murs entre les styles, les arts et les genres. C’est une nouvelle union qu’ORLAN nous présente : la sienne avec Eugénie, et non plus celle de l’Impératrice avec Napoléon III, puisque l’artiste reprend son portrait officiel où le pendant masculin manque à l’appel. Il a été tranché, seul reste le féminin transcendé : l’artiste-Impératrice, l’Impératrice-artiste. Comme une nouvelle lame de tarot divinatoire, ce double singulier augure un avenir résolument féministe.

L’art de la mise en scène n’est pas étranger à la photographe chinoise Su Kui qui se définit également comme une « créatrice d’images[7]. » Dans sa composition, l’artiste joue sur la tension provoquée par l’attirance irrésistible suscitée par le flacon de Guerlain sur une nuée d’abeilles. Nouvelle hybridation, nous devenons cette fois, nous, regardeurs de la photographie, les abeilles suspendues au voile du réel qui nous sépare de l’objet de notre convoitise. Su Kui nous représente en train de contempler notre rêve dans une mise en scène surréaliste. Nous nous trouvons au-delà de la réalité, prêts à prendre notre envol dans les dimensions inconscientes de l’imaginaire.

Perdus dans ce dédale aérien sculpté dans le ciel, nous trouvons un autre passage et pénétrons dans la chambre au cœur de notre inconscient. Là, tapissée du velours bleu des nuées de nos désirs, demeure, approchable cette fois, la source de notre émoi : le Flacon aux abeilles et son image. L’objet et son reflet. Le réel et le souvenir rêvé. Delfina Carmona s’inscrit elle aussi dans la dimension surréaliste et vient construire l’image d’une pulsion : l’irrépressible besoin de toucher le flacon et de se parfumer. Les gants rouges qui viennent découper leurs ombres autour du flacon nous rappellent le couloir aux chandeliers dans La Belle et la bête de Cocteau. Tout au fond de ce couloir, dans la chambre en velours bleu, scintille le trésor.

Tout trésor suscite l’émerveillement. C’est la surprise et l’éblouissement provoqués par sa découverte qu’a immortalisés la comédienne Audrey Tautou. Le trésor caché, trouvé par une enfant, est source d’enchantement ; c’est une merveille qui interroge : est-ce le flacon étincelant qui est le trésor recherché, l’Eau-nectar qu’il contient ou le sentiment d’émerveillement lui-même ? Tautou fait basculer la photographie dans un jeu de regard intime en mettant en scène sa propre fille[8] découvrant le flacon. C’est une initiation dont il s’agit, un secret, transmis de mère en fille. Et cette image vient libérer en nous la magie d’un monde perdu, celle d’une île imaginaire abritée sous un dôme de cristal et de poussière de fée, que Tautou réactive en nous faisant retrouver notre regard d’enfant.

C’est ce lien à l’intime que la photographie de Christine Spengler explore ; sous les traits, cette fois, d’une déclaration flamboyante. Le Flacon aux abeilles est avant tout une promesse d’amour pour la photographe. L’occasion qui a mené à la création de L’Eau de Cologne impériale, le mariage d’Eugénie et de Napoléon III, a baptisé ce parfum en enfermant sous son feston de cristal les tendres paroles d’un pacte amoureux. Le flacon est ici présenté comme un talisman. Autour, la photographe a rapproché ses propres fétiches comme pour préparer un philtre magique : un foulard aux couleurs sang et or, un collier offert par sa professeur de danse, son éventail préféré, quelques branches de bougainvillier fleurissant sur son balcon et une photo de son époux, prise le jour de leur rencontre. En nous parlant de son histoire d’amour et de celle d’Eugénie, Spengler nous parle aussi de la nôtre. Le flacon qu’elle lance à la mer contient un message universel.

La photographie de Jane Evelyn Atwood nous fait toucher terre à nouveau. Après les contrées éthérées de l’imaginaire et les courants réchauffés par les sentiments filiaux et amoureux, « terre en vue ! » Et nous atterrissons sur une plage où le flacon nous attend, posé sur le sable. Le message est délivré et c’est le lien avec la nature que la photographie d’Atwood évoque. Dans un équilibre fragile, l’Eau de Cologne est menacée par les vagues que l’on devine autour tandis qu’elle est visuellement traversée par la ligne d’horizon. Le cadrage, éloigné, replace l’Eau épargnée des eaux dans un paysage qu’elle ne domine pas mais dont elle fait partie intégrante, au contraire. Le noir et blanc appuie ce sentiment d’égalité et d’humilité. Le message est clair : c’est une prise de conscience qu’Atwood photographie. Comme le précieux flacon enfermant des essences de fleurs et d’agrumes, nous devons protéger la nature face aux dérèglements climatiques que nous rencontrons.

Ce message, Almudena Romero l’illustre sans détours dans la onzième photographie de ce corpus. L’artiste, élevée dans une famille d’agriculteurs et d’apiculteurs, parle, elle aussi, d’un lien intime avec la bouteille. Un lien terrestre, généalogique même, qui raconte l’histoire de sa propre famille puisque Romero introduit, dans un Flacon aux abeilles qu’elle a reproduit en résine biologique, une feuille d’hibiscus issue de sa série-herbier Grandma's Garden. Sur cette fragile feuille, cueillie dans le jardin de sa grand-mère, est imprimée la photographie d’une main : un hommage aux travailleurs de la terre et aux apiculteurs. Un hommage à la technique, également, à l’art du parfumeur, à celui des verriers et, bien sûr, à la photographie. C’est le « faire », l’artisanat même et le respect de la nature incarnés dans une simple feuille que Romero photographie comme une ressource protégée (et à protéger) dans son écrin transparent.

Le fruit du labeur des abeilles est « une rosée solaire, une rosée d’or vivant[9]. » Ce collège de photographes, comme un chœur d’abeilles créatives, décante un lumineux message dans ses rayons. La véritable richesse se trouve dans leur rapprochement, toutes unies dans cette sororité à l’initiative de Guerlain, et les composantes même du liquide doré que le flacon protège et qui sont sources d’émerveillement : la nature.

Chaque photographie vient nous éclairer sur un thème qui est cher à sa créatrice et qu’elle partage avec la Maison : l’expression libre, la création, l’émerveillement, l’engagement, la préservation, la transmission, la mémoire, l’importance du rêve et la nécessité des accidents, aussi, de leur beauté mais surtout, de leur dépassement. Un message bienveillant, fort et plein d’espoir que, comme des abeilles au service de la fleur, ces femmes au service de l’art nous donnent à voir en faisant le portrait d’une nature précieuse à l’équilibre fragile que nous devons protéger à tout prix.

 

3)    L’engagement de Guerlain

Depuis que Guerlain a éclos au cœur de Paris en 1828, la Maison a fait briller dans le monde entier les valeurs qui lui sont chères en écho avec les mouvances artistiques, l’évolution des droits des femmes et les avancées environnementales de son époque.

Engagement pour les arts

En collaborant avec les meilleurs artisans, maîtres d’art et artistes, Guerlain a, dès son origine, montré qu’excellence et savoir-faire sont synonymes d’audace et de créativité. Le Flacon aux abeilles est le symbole de cet engagement pour les arts. Comme celle qui l’a inspiré et qui a œuvré à la création du style Napoléon en défendant ses choix esthétiques personnels[10], le flacon de l’Eau de Cologne impériale a été – et demeure – la source d’inspiration d’un essaim de créatrices et de créateurs qui n’ont eu de cesse de le réinventer en alliant tradition et modernité.

La réalisation du Flacon aux abeilles est confiée, dès 1853, aux verreries Pochet du Courval pour leur savoir-faire transmis de génération en génération depuis plus de quatre cents ans. Au fil du temps et des projets, Guerlain a eu à cœur de renforcer cette relation tout en en nouant de nouvelles, avec des maîtres d’art et artistes, pour des éditions d’exception. Comme l’abeille, symbole d’immortalité, le flacon s’est métamorphosé au gré des rencontres en faisant de sa réinterprétation un exercice de style encouragé par la Maison.

Ainsi, en 2013, neuf maîtres d’art[11] se sont approprié le Flacon aux abeilles en le métamorphosant en œuvres uniques, vendues au profit du programme de transmission des savoir-faire de l’Institut national des Métiers d’art. En 2016, Guerlain confie à l’artiste graffeur JonOne le mythique flacon avant de collaborer, en 2019, avec le peintre et calligraphe Tarek Benaoum. En 2020, c’est l’œuvre de l’artiste Claudine Drai qui inspire un écrin immaculé pour L’Heure Blanche tandis que L’Eau de Cédrat s’habille des compositions délicates de la doreuse Anne Brun. L’année suivante, c’est avec la jeune créatrice de bijoux Begüm Khan et le couturier Kévin Germanier que Guerlain collabore pour la création d’éditions-joaillières limitées. En 2022, l’artiste Tomáš Libertíny dépose le flacon dans une ruche et laisse de véritables abeilles faire leur œuvre. Le Flacon aux abeilles, cerclé de rayons de cire et de miel, devient lui-même ruche dans une transformation qui illustre le thème d’une renaissance perpétuelle, faisant écho à la symbolique de ce prodige de la nature et au flacon lui-même. En 2023, Guerlain continue ses métamorphoses artistiques en confiant le flacon à Maison Matisse[12].

Qu’il soit imprégné d’un nuage de couleurs, support poétique pour des calligraphies à l’encre dorée, couvert de clochettes de muguet, des rayons d’une ruche ou des papiers colorés de Matisse, le Flacon aux abeilles est la toile avec laquelle les artistes peuvent libérer toute leur créativité.

Engagement pour les femmes

L’histoire partagée des femmes avec les abeilles est millénaire. La première représentation d’une apicultrice est une peinture rupestre datant de huit mille ans que l’on peut voir à Las Cuevas de la Araña, près de Valence, en Espagne. À travers ses créations, Guerlain a continué à tisser cette histoire au fil d’or en encourageant l’indépendance, la visibilité et l’empowerment[13] des femmes.

En 1900, la Maison fait appel à la peintre et sculptrice Louise Abbéma pour mettre en scène ses vitrines. Entre 1930 et 1950, c’est avec Lyse Darcy que Guerlain travaille pour réaliser les illustrations de ses flacons. Ces premières collaborations ont ouvert la voie et lié, à jamais dans l’histoire de Guerlain, les notions de liberté artistique et d’engagement.

Les expositions organisées au 68, Champs-Élysées depuis une quinzaine d’années ont su mettre en lumière les travaux de nombreuses artistes émergentes et reconnues. C’est à cette initiative que Guerlain a décidé de créer « Women for Art[14] », un label qui, dès lors, lui a permis de cristalliser sa vision inclusive au travers de nombreux partenariats : après l’exposition « Femmes en regard » en 2021, Guerlain a présenté le travail de Charlotte Abramov avec « Piquées », en 2022. Cette exposition évoquait justement la relation des femmes aux abeilles et a amené l’artiste à rejoindre et photographier une des communautés d’apicultrices soutenues par Guerlain grâce à son programme « Women for bees[15] ».

Engagement pour la biodiversité et la protection de l’abeille, Au Nom de la Beauté

L’abeille est une sentinelle de l’environnement et il est aujourd’hui de notre devoir de la protéger alors qu’elle est menacée d’extinction.

Un lien fort lie Guerlain à cette gardienne de la biodiversité depuis la création du Flacon aux abeilles en 1853. Symbole de l’engagement de la Maison depuis plus de dix ans, Guerlain a fait de la protection de l’abeille une ligne majeure de son engagement et lui dédie plusieurs partenariats et initiatives de sens, réunis au sein du « Guerlain for Bees Conservation Programme[16] » :

Préserver & polliniser

·      Un mécénat de développement durable avec l’Association du Conservatoire de l’Abeille Noire Bretonne de l’Île d’Ouessant (ACANB) ;

·      Un partenariat avec le Shan Shui Conservation Center, une ONG chinoise qui œuvre à la préservation des espèces et des abeilles à miel en Chine, en collaboration avec le Département de l’Éducation Nationale Chinoise :

·      Un partenariat avec le Réseau Biodiversité pour les Abeilles (RBA) ;

·      Un mécénat de trois ans avec le Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ;  

Éduquer

·      Le programme « Guerlain Bee School[17] » ;

·      Un partenariat avec la Fondation GoodPlanet créée par Yann Arthus-Bertrand ;

·      Un partenariat avec la Fondation Elyx ;

  

Autonomiser

·      Le programme « Women for Bees » en collaboration avec l’UNESCO, dans ses réserves de biosphère ;

·      Mais aussi indépendamment avec des ONG locales référentes (En Italie avec l'ONG Conapi, dans les régions de Bologne et de Calabre, en Italie. En Espagne avec l'ONG El Rinco de la Abeja, à Barcelone. Au Japon avec l'ONG Umeda Mitsubachi. Et dans la région du Yucatan, au Mexique, avec l'ONG Fundación Maya Selva.)

Innover

·      Un partenariat avec le Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature ;

·      Un mécénat avec le Muséeum national d’Histoire naturelle ;

 

Enfin, toujours dans sa démarche de préservation de la biodiversité, Guerlain renforce depuis plusieurs années son engagement en matière d’approvisionnement éthique et durable en étant devenu membre de l’association Union For Ethical Biotrade (UEBT). La Maison vise la certification de ses cinquante filières d’ingrédients naturels avec la norme UEBT à l’horizon 2026.

L’engagement de Guerlain auprès des arts, des femmes et de la préservation de la nature rayonne ainsi dans l'espoir de façonner un monde plus beau et responsable, Au Nom de la Beauté.

 

4)    Une ruche créative

Le 68, Champs-Élysées est depuis plus d’un siècle une véritable ruche dédiée à la création et à la beauté. Comme le flacon dont elle célèbre l’anniversaire cette année, la Maison devient l’écrin lumineux de l’hommage rendu par les onze photographes sélectionnées par Ann-Caroline Prazan, Benoît Baume et Jean-Luc Monterosso.

Les trois commissaires ont joué le jeu risqué de la carte blanche. La narration inattendue que les œuvres réalisées tissent a provoqué chez eux une agréable surprise : l’extrême cohérence de la proposition commune des photographes. L’harmonie qui se dégage de ce chœur de femmes est mise en valeur dans une scénographie épurée laissant à chacune l’espace d’une épiphanie individuelle comme collective. En effet, dans l’obscurité de la salle d’exposition, les niches éclairées apparaissent comme onze fenêtres dorées ouvrant sur autant d’univers magiques. La tension amenée par le clair-obscur sculpte un mystère qui rend l’expérience résolument intime.

Avec « Chère Eugénie », ces onze artistes entrent dans la longue histoire des photographes avec lesquels Guerlain a collaboré. Dès la fin du XIXe siècle, la Maison contribue à faire grandir la photographie de mode avec ses affiches publicitaires. Mais il faut attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour que la photographie publicitaire prenne véritablement ses lettres de noblesse. Guerlain initie, dès lors, de nombreuses collaborations avec des photographes de grande renommée : Roger Schall, Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat, John Stewart, Paolo Roversi ou encore Patrick Demarchelier. Depuis 2013, la Maison a sciemment ouvert ce groupe de photographes majoritairement masculins aux femmes en organisant des expositions mettant en valeur leurs visions et en faisant entrer dans les collections de Guerlain leurs œuvres. L’exposition « Femmes en regard » en 2021, l’exposition « Piquées » de la photographe Charlotte Abramov en 2022 et, aujourd’hui, « Chère Eugénie », construisent une route sororale, écoresponsable et engagée, placée sous le signe solaire de l’abeille.


[1] La colonne Vendôme, commémorant la victoire de Napoléon Ier à Austerlitz, est un symbole fort du 1er Empire.

[2] Le fondateur de la Maison avait fait inscrire, sur la façade de sa boutique rue de Rivoli, la devise : « Faites de bons produits, ne trichez jamais sur la qualité, ayez des idées simples et appliquez-les scrupuleusement. »

[3] De petites abeilles d’or ont en effet été retrouvées dans le tombeau de Childéric Ier, fondateur de la dynastie mérovingienne et père de Clovis.

[4] Rainer Maria Rilke dans sa lettre du 13 novembre 1925 à Witold von Hulewicz, le traducteur polonais de ses Élégies.

[5] Dans l’émission Grand Angle du 14 juillet 2018, sur TV5 Monde.

[6] Peter Geimer, Une (contre-)histoire de la photographie au travers de ses accidents, Les Presses du réel, Paris.

[7] « An image creator », sur son compte instagram.

[8] Qu’elle surnomme d’ailleurs affectueusement « mon petit trésor » dans son interview du 20 octobre 2022 pour Vanity Fair.

[9] Gaston Bachelard dans La terre et les rêveries de la volonté.

[10] L’Impératrice Eugénie, passionnée par l’histoire de Marie-Antoinette, aimait particulièrement le style Louis XVI, dit « style Trianon », marqué notamment par l’abondance des fleurs. En s’en inspirant pour la composition du mobilier impérial, elle participa à créer un nouveau style, appelé « le Louis XVI-Impératrice. » Pour la première fois depuis la duchesse du Barry, une femme influente défendit son goût et le fit pénétrer dans tous les intérieurs de France.

[11] Nelly Saunier, Lison de Caunes, Fabrice et Baptiste Gohard, Sylvie Deschamps, Ludwig Vogelgesang, Etienne Rayssac, Laurent Nogues, Serge Amoruso et Emmanuel Barrois.

[12] Fondée par Jean-Matthieu Matisse, l’un des arrière-petits-fils du peintre, dans le but de continuer à faire rayonner l’héritage du peintre.

[13] Littéralement, « la prise de davantage de pouvoir. » Expression anglo-saxonne signifiant « une plus grande autonomie. »

[14] Des femmes pour l’art.

[15] Des femmes pour les abeilles.

[16] Le programme de Guerlain pour la conservation des abeilles.

[17] Un programme de sensibilisation des enfants des écoles primaires permettant de découvrir le rôle de l’abeille et de sensibiliser les plus jeunes à sa protection.

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