Lee Ufan Arles & Guerlain

Prix Art & Environnement 2024

 

CAROLINE CORBASSON
REMPORTE LE PRIX ART & ENVRIONNEMENT 2024

Pour sa deuxième édition, Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain décernent le prix Art & Environnement à Caroline Corbasson.

Récompensant chaque année un projet mettant au cœur de ses préoccupations les rapports féconds et multiples entre la création artistique et l’environnement, le prix permet au lauréat de bénéficier d’un atelier et d’un programme d’accompagnement sur-mesure au cours d’une résidence d’une durée de six à huit semaines, ainsi que d’une exposition dans l’Espace MA de Lee Ufan Arles pendant la période estivale 2025. Ce lieu de réflexion et de production unique au cœur du territoire arlésien, à la fois musée présentant les œuvres phares de Lee Ufan et lieu de vie soutenant la création contemporaine, lui permettra de réaliser son projet artistique mais aussi de rencontrer les personnes et institutions pertinentes à sa mise en œuvre : rencontres d'artistes, de professionnels du monde de l'art et d’acteurs du territoire qui pourraient rentrer en résonance avec son travail. Il permet aussi au lauréat de présenter son projet à un public local et international en lui offrant une visibilité certaine, constituant un véritable tremplin pour sa carrière. Enfin, le prix favorise des opportunités de collaborations inédites avec la Maison Guerlain.


CAROLINE CORBASSON

Le 18 octobre 2024, le jury composé de Lee Ufan, Laurent Le Bon, Wim Wenders, Djabril Boukhenaïssi, Esra Joo, Gabrielle Saint-Genis, Ann Caroline Prazan, Juliette Vignon et Claire Coletti, a décerné le prix Art & Environnement à Caroline Corbasson.

Née en 1989, Caroline Corbasson explore notre place dans l'univers à travers le prisme des imaginaires scientifiques et collectifs associés à l'astrophysique et à la cosmologie. Ses recherches interrogent le caractère ambivalent des connaissances humaines et la manière dont les découvertes scientifiques renouvellent notre appréhension du cosmos et notre compréhension de nos origines.

Caroline Corbasson s’intéresse pour la première fois à un phénomène proche, particulièrement important dans son enfance et qui chemine de manière invisible dans son travail : le vent. Ayant grandi au Texas où les alertes à la tornade sont fréquentes, le refuge de la pièce centrale dans laquelle toute la famille attendait que la tempête passe était pour Corbasson le lieu mêlé de la peur face aux éléments et de l’excitation, Du calme au centre d’un monde chaotique. Aujourd’hui, l'atelier est devenu cet œil du cyclone et le ciel traverse toute l’œuvre de l’artiste. En voyage dans le désert d’Atacama il y a quelques années, Corbasson observe la poussière inlassablement sablée par les courants et les tourbillons. Une intuition naît et l’artiste sent que le vent est porteur d’un imaginaire à explorer. Enfin, c’est au cours d’une exposition à Arles où elle présente un dessin-miroir à La Nuit étoilé de Van Gogh[1], traçant au charbon la position des astres lors de cette fameuse nuit de septembre 1888, que l’artiste rencontre une nouvelle fois l’élément qui, dans les rues de la ville antique sculptées par le mistral, est ici roi.

Le projet présenté pour le Prix Art et Environnement entend étudier cette force ambivalente, à la fois dévastatrice et souffle spirituel. Le vent incontrôlable et furieux qui tend à s’amplifier avec le réchauffement climatique, mais aussi le vent pollinisateur, porteur de vie, comme le soulignait le poète William Blake : « Voir un monde dans un grain de sable[2]. » L’artiste entend tisser le lien entre poussières célestes et terrestres en mêlant l’imaginaire des sables lointains, nuages galactiques et autres anneaux de Saturne, et les pollens et spores, proches, qui parcourent notre planète en essaimant leurs promesses. Au cours de sa résidence, Corbasson espère observer ce phénomène sur le territoire arlésien en développant un moyen d’expression nouveau afin d’exprimer le vent et sa fascination dans des œuvres mêlant dessin au charbon, sa matière de prédilection, peinture mais aussi et pour la première fois, poésie. En effet, inspirée par Lee Ufan, cet ensemble de peintures-dessins sera présenté en regard de ses propres poèmes, jamais révélés, explorant ainsi le rapport entre le texte et l’image.

Lors de son passage devant le jury, l’artiste cite une phrase qui lui reste en tête et au cœur depuis des années : « le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va[3]. » Cet espace et ce temps de résidence vont lui permettre d’écouter cet appel qui souffle depuis l’enfance et qu’elle est prête aujourd’hui à déchiffrer.


UNE SÉLECTION PARMI 551 CANDIDATS ET 5 FINALISTES

À l'issue d'un appel à candidature lancé le 30 avril et clôturé le 30 juillet 2024, 551 dossiers ont été étudiés. Cette année, le jury a compté plus de 75% de candidatures internationales, renforçant ainsi le rayonnement du prix sur tous les continents. Le jury salue également la diversité exceptionnelle des candidatures. En effet, la pluralité des médiums touchant aussi bien la vidéo, la performance, la peinture, la sculpture, la photographie ou encore les arts numériques montre la force de l’engagement des artistes contemporains du monde entier et la richesse des pratiques artistiques déployées vis-à-vis de l’enjeu environnemental. Le lauréat a été choisi par le jury parmi les cinq finalistes suivants :

Laure Winants travaille avec des matières sensibles en combinant art et science dans des récits d’anticipation pictural. Elle s’intéresse notamment à la façon dont la nature peut devenir une véritable composante de l’œuvre en créant des pièces actives qui réagissent à leur environnement et mette en lumière l’invisible : le temps, la luminosité, la température, l’humidité, etc.

Ilanit Illouz s’intéresse au potentiel de réaction des matériaux naturels afin de créer des œuvres en perpétuelle transformation. Son travail s’appuie sur la collecte de débris organiques et minéraux tels que le sel, les cendres ou les pierres, ensuite utilisés pour développer des procédés photographiques uniques qui évoluent au fil du temps.

Caroline Corbasson explore notre place dans l'univers à travers le prisme des imaginaires scientifiques et collectifs associés à l'astrophysique et à la cosmologie. Ses recherches interrogent le caractère ambivalent des connaissances humaines et la manière dont les découvertes scientifiques ont renouvelé notre appréhension du cosmos, de l’espace-temps et de la compréhension de nos propres origines.

Sara Favriau associe exploration, collecte et transformation dans son œuvre en envisageant ses sculptures comme des témoins silencieux et fragiles de l’évolution du biotope d’un environnement donné, proposant une réflexion profonde sur la mémoire, la vie, et la trace laissée par le passage du temps sur la nature.

Keita Mori utilise le fil comme métaphore de l’environnement. À la fois issu de la nature et lié à l’histoire industrielle humaine, le fil (qu’il soit de coton, de soie ou de métal) incarne les intéractions entre le monde naturel et le monde social en construisant des paysages révélant les flux invisibles de la nature et des dynamiques sociales.

Cette année, le jury a ainsi noté deux grands thèmes récurrents dans les projets soumis, mettant en lumière les préoccupations contemporaines grandissantes liées au climat : le principe de métamorphose de l’œuvre en lien avec son environnement et celui de miroir que tend la nature pour y refléter notre imaginaire collectif.

UN PRIX D’ART CONTEMPORAIN ENGAGÉ OUVRANT DE NOUVEAUX DIALOGUES AVEC LA NATURE

Le Prix Art et Environnement prend racine dans les philosophies complémentaires qui animent le travail de Lee Ufan et les engagements de la Maison Guerlain, en proposant un espace de réflexion fondé sur le dialogue, la création et l’ouverture au monde. En récompensant les lauréats par une résidence et une exposition à Lee Ufan Arles, le Prix Art et Environnement entend valoriser le travail d’un.e artiste en le.a faisant rayonner grâce à l’accompagnement joint de ses deux entités fondatrices, partageant une même sensibilité au soutien et à la transmission artistique, ainsi qu’un même engagement pour l’art et l’environnement.

 

LES MEMBRES DU JURY

Présidé par Lee Ufan, le jury est composé de membres de Lee Ufan Arles et de la Maison Guerlain, ainsi que de personnalités du monde de l’art. Pour la saison 2024, le jury rassemble :

Laurent Le Bon, Conservateur général du patrimoine, commissaire d’une cinquantaine d’expositions, auteur de nombreux ouvrages et président du Centre Pompidou Paris ; le réalisateur Wim Wenders, l’un des représentant majeur du nouveau cinéma allemand et président de l’Académie européenne du cinéma ; l’artiste contemporain et premier lauréat du Prix Art & Environnement Djabril Boukhenaïssi.

Ils sont joints par Gabrielle Saint-Genis, Présidente et CEO de la Maison Guerlain, Ann-Caroline Prazan, directrice Art, Culture et Patrimoine de la Maison et Claire Coletti, experte en Développement Durable et directrice Global Sustainability chez Guerlain. Toutes trois ont à cœur de faire rayonner des productions artistiques résolument altruistes et responsables, ouvrant de nouveaux dialogues avec la nature tout en perpétuant le riche dialogue de la Maison Guerlain avec les arts.

Du côté de Lee Ufan Arles, Esra Joo, directrice du Studio Lee Ufan, commissaire d’exposition, galeriste et vice-présidente de Lee Ufan Arles, ainsi que Juliette Vignon, coordinatrice générale dirigeant et organisant les actions du lieu, veillent à ce que le projet du lauréat entre en résonnance avec la portée universelle, les valeurs environnementales et la profondeur philosophique de Lee Ufan.

Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain tiennent à remercier les finalistes et les candidat.e.s pour leur intérêt et leur participation.

RETOUR SUR LA PREMIÈRE ÉDITION DU PRIX ART & ENVIRONNEMENT – RÉSIDENCE DE DJABRIL BOUKHENAÏSSI

Sélectionné parmi 381 candidatures reçues en 2023, l’artiste Djabril Boukhenaïssi a été le premier lauréat du Prix Art & Environnement. L’exposition À ténèbres présentée dans l’espace MA de Lee Ufan Arles du 1er juillet au 1er septembre 2024, dévoilait une série de peintures et de gravures inédites s’articulant autour d’une poétique de la nuit contemporaine et de sa disparition, inspirées à la fois par la littérature allemande, la musique et l’expérience de la résidence arlésienne de l’artiste. Par ce titre reprenant une expression perdue désignant ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui « à la nuit tombée », l’artiste évoquait l’idée que la disparition de la nuit entraîne un amenuisement s’étendant à tous les arts, mais aussi au langage. Faisant suite à sa résidence de création à Lee Ufan Arles durant l’hiver 2024, À ténèbres questionnait l’impact de la pollution lumineuse menant à la disparition de la nuit, source pourtant précieuse d’un imaginaire collectif. Les œuvres produites par l’artiste s’articulaient autour de plusieurs axes de recherche plastique, formant un ensemble où peintures et gravures se répondaient. Comme le soulignait Anaël Pigeat dans son article paru dans Paris Match, le 8 août 2024 :

« Dans son atelier, qui donnait sur une ruelle de la ville, il a travaillé ce motif en gravure et à l’aquarelle – des œuvres qu’il montre pour la première fois conjointement à ses peintures. »

Parmi les thèmes convoqués, l’utilisation répétée du violet pour représenter la nuit, la récurrence du motif de la Phalène comme animal éminemment nocturne, mais aussi la représentation du site arlésien des Alyscamps comme théâtre de l’ensemble des compositions, lui ont permis de développer un langage pictural imbriquant grammaire fantastique et constats scientifiques. Une part importante du travail de Boukhenaïssi dans le cadre de sa résidence a également tenu à son étude de l’œuvre de Lee Ufan, comme le souligne le lauréat dans son entretien avec Marina Hemonet publié dans le AD du 19 juillet 2024 :

« En découvrant la matérialité des tableaux de Lee Ufan, et notamment ceux des années 1970, cela a changé ma perception, je me suis dit que ce serait intéressant de lui rendre un certain hommage. J’ai commencé à faire des petits formats où j’ai brossé le pastel avec plus de vigueur jusqu’à le brûler, de façon à rappeler le travail de Lee Ufan. »

Cette résidence et l’exposition de Boukhenaïssi ont été salués par des critiques très positives dans les médias français comme étrangers : plus de 40 articles dédiés dans la presse française artistique et généraliste ont parus, ainsi que dans les médias internationaux, prints comme digitaux. L’exposition est devenue l’une des manifestations phares de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles pour les journalistes, les professionnels, les collectionneurs et le public arlésien et international.

[1] « Van Gogh et les Étoiles », Fondation Vincent Van Gogh Arles, 1er juin – 8 sept. 2024.

[2] Augures d'innocence de William Blake, 1863.

[3] Bible, Jean 3, 8-21.

 

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Fondation Louis Roederer